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23 mars 2022 3 23 /03 /mars /2022 06:59
L’antisémitisme et l’Aveyron en 1939 /1945, une conférence riche d’informations et d’émotions

En préambule à sa conférence, Simon MASSBAUM, Président de l’Association pour la Mémoire des des Déportés Juifs de l’Aveyron, nous rappela que l’antisémitisme était hélas une vieille et longue histoire, avec deux faits hors guerre 39/45 : l’affaire Dreyfus à la fin du 19° siècle ayant secoué gravement la société Française et la III° République. Plus près de nous, il y a 10 ans presque jour pour jour, un fasciste islamiste tuait 4 personnes dont 3 enfants dans une école Juive de Toulouse.

Un mois à peine après la proclamation du régime de Vichy par Pétain les premières lois contraignantes antisémites commencèrent dès juillet 1940 excluant les juifs de la fonction publique, des fonctions commerciales et industrielles. La loi du 3/10/40 renforce après plusieurs décrets cette première loi en autorisant l’internement des juifs étrangers. L’année 1941 vit se succéder une multitude de lois et de décrets de plus en plus contraignants et iniques: interdits, emplois, internements, 1942 : étoile jaune obligatoire en zone libre, début des déportations, 1943 : déportations massives et rafles dans les grandes villes du sud, 1944 : derniers convois de déportés.

Comment notre département a-t-il vécu cette période ?

Avant la déclaration de guerre, quelques familles juives vivaient en Aveyron, essentiellement arrivées avant 1914 et dans les années 20. En mai 1940 via le Benelux, un exode important de familles juives venant des pays de l’est arrive dans la zone française libre et en particulier dans le sud ouest, ainsi que des familles françaises quittant la zone occupée.

Dans notre département, Rodez accueille un centre de réfugiés qui furent répartis dans plus de 130 villages Aveyronnais, (70 femmes et enfants hébergés à Goutrens par exemple) population pour moitié étrangère. Certains travaillèrent dans l’industrie du cuir à Millau . En même temps les directives de fichage, ciblant les étrangers juifs, s’accélèrent. En été 1942, en accord avec l’occupant, l’état Français organise des rafles et internements dans les camps de Rivesaltes. Après les attentats de Paris en février 1943, les hommes entre 18 et 55 ans sont raflés et déportés au camps de Gurs puis envoyés à Drancy, et ensuite vers Sobibor , aucun n’en revint. Début 1944, à l’aide des fichiers dressés par les préfectures, comme dans l’Aveyron occupé, c’est la Gestapo qui remplace la milice pour pratiquer les arrestations qui se poursuivent jusqu’en juin 1944. Le 6 juin, sur dénonciation, 5 personnes seront arrêtées dans leur hôtel à Espalion. ils partiront dans le dernier convoi pour l’Allemagne.

En Aveyron, dans la période 1940/1944, 890 Juifs dont 400 Français vécurent dans le Département, 393 furent déportés entre 1942 et 1944, 500 furent sauvés .

 

Simon MASSBAUM sut nous parler avec simplicité de cette sombre période de notre histoire. Illustré de documents originaux (directives, listes de noms, photos de familles, photos d’écoliers souriants), son discours, ses photos surtout, d’une heureuse banalité, nous confronta à une réalité trop souvent oubliée ou volontairement enfouie dans notre mémoire.

Afin de ne pas oublier les 393 déportés de l’Aveyron, victimes de la barbarie nazie, complaisamment épaulés par le régime de Vichy, Simon MASSBAUM, après un long et patient travail de recherche dansles archives départementales, les mairies, les journaux d’époque, les témoins, les descendants de familles ,a largement captivé l’attention du public présent ce soir.

Un mémoire assemblant ses recherches est désormais écrit, et va être bientôt édité. Nous lui souhaitons un bon accueil public.

Le Secrétaire, C.D.
 

 

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