A l’initiative de Rencontres Citoyennes, Emilie Tesseydre, formatrice en égalité hommes-femmes à l’ISAE – SUPAERO, militante féministe, a animé la conférence sur les grandes oubliées des sciences.
Spécialiste de la théorie du genre, Emilie Tesseydre, donne la définition sociologique de cette notion souvent galvaudée.
"La sociologie du genre est la science qui étudie des rapports sociaux de sexe. Elle envisage le masculin et le féminin comme le résultat d’une construction sociale et non comme une notion propre à la physiologie. Le sexe désigne les attributs physiologiques propres aux femmes et aux hommes"
Le cerveau a-t-il un sexe?
La neurobiologiste Catherine Vidal a montré l’importance de la plasticité cérébrale qui imprime toutes les informations, de ce que l’on apprend, de l’entourage culturel, sociologique,éducatif.
Il n’y a pas plus de différences entre le cerveau d’un homme et d’une femme, qu’entre celui de deux hommes ou deux femmes !
Si des différences dans les résultats mathématiques ont été étudiées à l’école primaire entre les filles et les garçons, elles ont mis en lumière le rôle des stéréotypes et du langage utilisés dans la la présentation des exercices.
Les manuels scolaires, notamment mathématiques, ne valorisent pas les femmes, dans la vie quotidienne, ni dans les activités scientifiques.
L’écriture inclusive permet de distinguer les individus à l’intérieur d’un groupe: les étudiants (groupe) ce sont des étudiants et des étudiantes !
La règle grammaticale qui veut que le masculin l’emporte sur le féminin est une construction historique, d’environ 2 siècles, (le noble domine), donne une perception particulière des êtres humains.
La féminisation des noms de métiers, si elle acceptée pour les «petits métiers», est plus difficile pour des métiers ou fonctions paraissant plus valorisants: un ingénieur/une ingénieur.
Tous ces stéréotypes créent des inégalités qui peuvent entraîner des discriminations (punies par la loi!) Concernant les inégalités entre les hommes et les femmes dans le monde du travail, il faudra en astrophysique 131 ans pour que les femmes rejoignent les hommes, en mathématiques 60 ans, en sciences informatiques 280 ans.
A la rentrée 2017: 53% de garçons et 47 % de filles en terminale S. Le choix des prépas est très stéréotypé: les filles en biologie, chimie, les garçons en physique, mathématiques. Marianne Blanchard fait ce constat d’une division entre des sciences masculines et des sciences féminines: alors que les mathématiques ou la physique, matières nobles demanderaient davantage de virtuosité, d’inventivité, d’originalité créatrice, la chimie ou la biologie ne nécessiteraient que de la minutie, un goût du concret et une bonne capacité à apprendre par coeur.
Dans les structures de recherche les responsables sont surtout des hommes, es femmes se font voler leurs découvertes, dont le privilège revient au mari, s’ils travaillent en couple . C’est l’exemple de Marie Curie (2 prix Nobel, dont l’un avec son mari), à qui on demandait "Qu’est ce que cela fait d’avoir épousé un génie? La réponse a été: "Allez demander à mon mari "
Cette minimisation de la contribution des femmes scientifiques à la recherche a été théorisée par l’Américaine Margaret Rossier sous le nom de l‘effet Matilda.
Les femmes, ces grandes oubliées
On se souvient peu de ces premières femmes américaines dans les premières sortie extra véhiculaires.
L’industrie automobile fait ses crashs tests des voitures sur le modèle masculin En médecine, on sait que les symptômes d’une maladie diffère entre les hommes et les femmes, mais les préconisations sont surtout faites pour les hommes.
Emilie Tesseydre évoque deux grandes oubliées:
* Marthe Condat née à Graulhet en 1886, première femme agrégée de médecine en 1923; elle avait suppléé internes et chefs de clinique pendant la 1ere guerre en 1914, et publié une thèse d’hématologie en 1916.
* Ada Lovelace, (1832) à partir de nombreuses observations sur la machine à calculer, va la faire évoluer vers un programme informatique. Elle met au point le premier programme informatique utilisé actuellement par les entreprises: ADA
Quelles solutions?
La sensibilisation à ces discriminations est très importante. L’éducation individuelle et le rôle de l’école sont fondamentaux.
Des associations œuvrent pour mieux faire reconnaître le travail des femmes dans tous les domaines des sciences et de la recherche.
La Secrétaire : G.T.