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16 novembre 2019 6 16 /11 /novembre /2019 07:18
L’histoire des Aveyronnais à travers le Monde a passionné l’auditoire

Cette conférence proposée par Rencontres Citoyennes et animée par l’historien, romancier Daniel Crozes, a largement retenu l’attention du nombreux public présent.
Les Aveyronnais réputés très casaniers sont aussi de grands voyageurs. Si certains ne se sont jamais éloignés de leur clocher, d’autres, très tôt dans l’histoire, ont parcouru le monde.
Certains ont tenté fortune loin de leur terre natale, sont revenus pas toujours riches!, ou se sont définitivement expatriés, mais ils n’ont jamais oublié leurs racines. Emma Calvé déclarait au cours de son tour du monde « j’ai l’insupportable nostalgie de mon pays natal, j’adore mon Aveyron » Daniel Crozes nous relate cette longue histoire de l’émigration aveyronnaise, à travers le monde, à toutes les périodes.
Les raisons nombreuses et variées de ces départs font apparaître des profils très divers, quelques fois insolites et inattendus.

Pourquoi ces migrations ?

 

L’Aveyron et avant le Rouergue est un pays pauvre. Les migrations saisonnières se font vers Paris, le Midi, la Catalogne: tous les métiers sont représentés (porteurs, scieurs de long….) Au XIXeme siècle, la vitalité démographique du département (415000 habitants en 1886 contre 270000 aujourd’hui ) entraîne des migrations temporaires qui deviendront souvent définitives après le Second Empire: 120000 Aveyronnais s’expatrient entre 1850 et 1914.
Les causes des départs sont souvent économiques. A l’expansion démographique s’ajoutent les difficultés de l’agriculture pauvre, ruinée par le phylloxéra dans les zones de vignobles. Les activités industrielles, notamment textiles (chanvre,laine ) sont concurrencées par les importations venues de pays neufs. La crise industrielle du bassin de Decazeville (grève de 1886) entraîne l’exode de nombreux ouvriers qui partent pour l’étranger.
Les destinations sont elles aussi très diverses. Paris attire les gens du nord et de l’ouest aveyronnais, le sud rejoint le Midi. Ce sont les pays neufs (Argentine, Afrique..) qui deviennent les nouvelles destinations (Cabanettes part avec 40 familles à Pigüé) La colonisation de l’Algérie (1830-1840) entraîne le départ de nombreux fonctionnaires aveyronnais et de petits paysans sans terre. Les ouvriers du bassin et les paysans du Lot sont souvent attirés par l’ouest américain.
D’autres explorateurs vont découvrir des terres lointaines : Egypte, Congo, Abyssinie, les déserts africains, Mexique.

Des personnalités diverses :

 

- des religieux
Dès le Moyen Age, le dominicain Jordan Canthala rapporte au pape « les merveilles de l’Inde »qu’il visite au XIVéme siècle. Dieudonné de Gozon en 1326 part pour Rhodes, en rapporte « la pierre de Rhodes » que l’on retrouve dans l’histoire des familles protestantes du sud Aveyron au XVIIème siècle. Rôle important des missionnaires (1809-1930) ,vers la Chine (Cyprien Garnier en 1913), Amans à Tahiti, André Jarlan en mission au Chili tombé sous les balles de Pinochet dans le quartier de la Victoria à Santiago en 1984

- des industriels, des commerçants
Les Delclaux d’Aubin partis en Espagne, on les retrouve députés aux Cortes. Louis Panassié, ingénieur des mines, en 1880 va exploiter le manganèse et le pétrole dans le Caucase et en Russie. Julien Poujade, carrossier à Decazeville, part en Californie, gérant d’hôtels à San Francisco, revient en 1911. Les commerçants de Millau, Balsan (gants en agneau) entraîne les ouvriers gantiers à New York, au Canada. Les frères Roques, en contrat avec l’armée (importation du blé de Chine) s’installent à Manille, à Saïgon, créent une ligne maritime entre Haïphong et Hong Kong

- des fonctionnaires,des militaires
De nombreux fonctionnaires iront en Algérie, en Inde comme administrateurs de ces terres colonisées. On retrouve des soldats de Rieupeyroux en Tunisie. Le général Tarayre, de Salles la Source, qui avait servi sous Bonaparte, rejoint Madagascar. Ils sont aussi bâtisseurs, sur la ligne ferroviaire au départ de Conakry.

- des défricheurs, des fondateurs de villes, des explorateurs
Les Bessières, Grimal, Douls,Vayssière ; en 1848, Vayssière visite l’Abyssinie. Ce chasseur enragé, ami d’Alexandre Dumas, descend le Nil et disparaît en 1860 . Guiral (Espalion) rejoint la Marine et disparaît au Congo (1885). Douls raconte son périple dans son Journal de voyage. Dans ses difficultés, pense à la patrie et garde le souvenir de la patrie absente. Il meurt en 1889. Léonard de Bonnet, millavois, étudie les Matas au Mexique en 1884.
La célèbre cantatrice Emma Calvé (née à Decazeville) fait un tour du monde et rencontre de très nombreux émigrés aveyronnais, de New York à San Francisco et, comme tous ceux qu’elle rencontre, elle garde une insupportable nostalgie du pays natal.

Conclusion

 

Tous marquent cet attachement à leur patrie. Les expatriés se retrouvent pour célébrer leurs traditions : dès que trois ou quatre Aveyronnais se rencontrent, ils forment une amicale, et organisent un banquet.
Beaucoup souhaiteront revenir finir leur vie au pays, mais d’autres ont définitivement installé la présence aveyronnaise dans toutes les régions du monde.

La Secrétaire, G.T.

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