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18 novembre 2012 7 18 /11 /novembre /2012 21:30

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Le sujet des déchets nucléaires est sensible: aussi , dès la présentation de cette soirée aux 70 participants, le Président Christian VALAYER et le conférencier, Mr Hubert SEGURET,  ont bien précisé le cadre de cette conférence: il s'agit non pas d'un débat pour ou contre le nucléaire, mais d'une information technique, objective de la problématique du traitement des déchets existants et à venir.

Mr SEGURET , Ingénieur retraité de l'Andra, était particulièrement compétent pour traiter ce sujet. L'ANDRA , crée en 1979, est un établissement public sous tutelle du Ministère  de l'Energie, chargé de l'exploitation des centres de stockage, de l'étude des solutions, de la réhabilitation des sites pollués, de la prise en charge des déchets, de leur valorisation, des actions d'information.

Le problème est très large et fait appel à de nombreux domaines scientifiques: physique nucléaire, médecine, biologie, botanique, géologie, métallurgie, etc, etc...

Après une introduction historique et le rappel des découvertes de personnages marquants comme Becquerel, Pierre et Marie Curie, M. SEGURET a d'abord abordé la notion de radioactivité, expliquant avec clarté l'origine, la nature des divers rayonnements, alpha, béta, gamma, avec les mesures correspondantes: le becquerel, le gray, le sievert (rayonnement par unité de temps, doses absorbées, effet produit).

Les sources de rayonnement sont variées: géologiques, cosmiques, humaines, médicales (important!) et bien sûr essentiellement industrielles et militaires. A titre anecdotiques, des objets qui étaient naguère d'usage très courant (réveils ou montres  lumineux, paratonnerres, pommades, vêtements),  font partie de ces  sources de rayonnement! Certains RN (radio nucléides) sont très actifs, d'autres très faibles et la période de radioactivité varie d'une fraction de seconde à des milliards d'années.

Toute activité dans ce domaine produit des déchets avec des risques et une nécessité de gestion spécifique. Les déchets radioactifs ne sauraient être à usage privé et ne peuvent être abandonnés sans contrôle.  En France il n'y a pas de seuil minimal de radioactivité, ce qui signifie que tout déchet, même à très faible risque, doit être pris en charge. Ces déchets sont classés d'une part en fonction de leur période -à vie courte, moins de 31 ans, à vie longue, plus de 31 ans), d'autre part en fonction de leur activité. On a ainsi 4 classes:

  • très faible de 0 à 100 becquerels
  • faible de 100 à 100000
  • moyenne de 100000 à 100000000
  • haute activité : au delà

Les premiers peuvent être stockés en surface (dans une région de l'Aube),  les faible et moyenne activité dans des silos, les derniers,  HAVL, (Haute Activité Vie Longue, les plus dangereux et les plus difficiles à traiter mais qui ne représentent que 0,2% du volume et  95% de l'activité), le seront en profondeur, probablement dans la Haute Marne. La gestion des déchets assurée par l'Andra est sous haut contrôle, officiel, administratif et scientifique: ASN, IRPSN, CNE.

Les déchets à faible activité (gravats etc) sont stockés sur une zone de 45 ha, dans des alvéoles avec une stricte surveillance environnementale. Les déchets de faible et moyenne activité  sont stockés à Soulaine sur une zone de 95 ha , susceptible d'être suffisante pour une durée de 60 ans. Une série impressionnante de contraintes préside à  cette prise en charge.

S'agissant des déchets HAVL, M. SEGURET nous a d'abord expliqué le schéma de fonctionnement d'une centrale nucléaire ,avec les différentes  techniques développées  au fil des années. Le problème des déchets produits par les centrales des différentes générations est complexe: s'agit il de déchets ou de ressources potentielles?  Il y a trois options de prise en charge: le stockage, le retraitement, la mise en attente. La loi Bataille de 91 met à l'étude ces trois possibilités de traitement: stockage, transmutation, entreposage. La loi de 2006 demande l'étude de faisabilité du stockage réversible, pour un retraitement futur.

Une longue procédure a été engagée, sur le site de Bure en Haute Marne,  dans une couche profonde d'argile. Après une longue expérimentation en laboratoire souterrain, un débat public en 2013 devrait aboutir entre 2014 et 2018 à l'autorisation de mise en service. Après 14 ans de recherches  on devrait ainsi démarrer ce stockage des déchets déjà produits (il y en a déjà 30% sur les 100 000 tonnes prévus au stockage). Le plan et les photos des installations souterraines prouvent d'ailleurs qu'une extension est envisagée et prévue et surtout que la réversibilité sera effectivement possible, dès que des avancées scientifiques permettront de transformer des déchets en ressources nouvelles.

Le traitement des déchets HAVL est un problème lourd et angoissant. M. SEGURET nous montre que l'ANDRA  met en oeuvre toutes les possibilités scientifiques et techniques pour  faire face le mieux possible à ce danger que personne ne nie. Les déchets existent, nous ne pouvons pas  l'abandonner aux générations futures. Et M. SEGURET conclut en rappelant cette phrase de Saint Exupéry et  qui résume bien la responsabilité exigeante que nous avons envers le futur:

«Nous n'héritons pas de la terre de nos ancêtres,
mais nous l'empruntons à nos enfants.»
 

Après cet exposé très technique, mais présenté très clairement, avec des photographies, des cartes, des schémas, des illustrations, un vrai débat s'est engagé avec le public. Les questions ont été très variées mais recadrées dans le thème de ce soir. Il s'agissait du traitement des déchets et non du choix ou du refus du nucléaire:

- Quelle influence environnementale d'une centrale comme Golfech?

- Quelle énergie préalable pour la production de combustible nucléaire?

- Quelle concentration pour les déchets?

- Quel processus de décision pour le nucléaire? Et pour le choix des sites?

- Quelle prise en considération des contestations locales?

- Pourquoi  le choix des zones d'argile et pas de granit?

- etc etc

Mais ce débat repose sur un questionnement majeur:  existe -t- il une autre solution face à cette réalité?
Les déchets existent, peut-on ne pas les prendre en charge?
Quelle alternative?

En conclusion, nous avions pour cette conférence, tous les ingrédients d'une réussite: un thème très préoccupant, un intervenant particulièrement compétent et pédagogue, un public  nombreux, attentif et réactif. Bref, une soirée très positive à mettre au compte de Rencontres Citoyennes.

Le secrétaire JD

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