Dans une parfaite conformité avec ses objectifs informatifs et civiques, l’Association Rencontres Citoyennes organisait ce 24 mai au Centre Culturel, une soirée débat sur
les drogues.
Cette soirée qui a réuni plus de 40 participants (très actifs dans le débat) était animée par Michel WILLAIME, gendarme spécialisé chargé de l’information sur les drogues. Le président C. Valayer a ouvert la soirée en présentant les excuses de Mme le Sénateur AM Escoffier, de JP Marty et A Laporte, Maires.
Le conférencier a conduit cette réunion fort de sa spécialisation et de sa riche expérience professionnelle. Son intervention, constamment ouverte au débat, ce dont l’assistance ne s’est pas privée, s’est appuyée sur un diaporama articulé autour de 5 questions :
- pourquoi un produit est-il considéré comme une drogue,
- qu’est ce qu’une drogue,
- effets de la drogue sur l’être humain,
- bref historique de la drogue,
- les routes de la drogue.
Deux catégories de drogues :
les drogues licites, parfois encadrées par la loi, (tabac, alcool, médicaments, solvants) et les drogues illicites (stupéfiants, dopants, GHV, etc ) soumises à interdiction totale ( trafic mais aussi consommation ou publicité).
Alcool : bien qu’associé au plaisir de la fête, il devient vite une accoutumance avec ses dangers : comportement, comas éthyliques, accidents. Alcool plus médicaments accroit les risques (ivresse express) hélas de plus en plus fréquentes dans des soirées festives. C’est un fléau qui touche en plein notre département.
Tabac : accoutumance, coût économique et surtout risque grave pour la santé.
Médicaments : la vente est heureusement très encadrée mais l’usage est de la responsabilité individuelle.
Solvants : vente libre mais l’usage peut donner lieu à des intoxications chroniques ou aigues .
Drogues illicites. Classés en perturbateurs, dépresseurs, stimulants, dopants.
Cannabis ( " joint ") peut entraîner la schizophrénie, danger au niveau de la perception visuelle et gestuelle, accidents dramatiques.
Opium, morphine, héroïne; accoutumance et très grave danger sanitaire et comportemental.
Dopants : ( exctazy )peut être associé à l’alcool ce qui accroit les risques comportementaux.
Cocaïne, Crack ( se présente sous forme de cristaux) produits dangereux associés à la notion de fête.
Tous ces produits ont une action directe sur le cerveau (production de dopamine) et en jouant sur le " circuit de récompense, créent très vite une accoutumance. Tous ces produits circulent dans l’Aveyron, il n’y a pas de secteur épargné même dans les zones rurales.
Les drogues, dont l’usage commence souvent par la forme d’un cadeau empoisonné (cigarette, verre, joint), répond à un besoin de compensation (petit problème, peur de l’isolement) et on rentre très vite dans l’engrenage et la dépendance. Avec des conséquences sur la santé, la vie sociale, la vie professionnelle, l’image de soi.
Rôle des parents et amis : affirmer les valeurs les plus importantes. Faire preuve d’une extrême vigilance. Penser aux situations de détresse vécues par les adolescents ou les jeunes adultes (frustrations, études, difficulté professionnelles ou affectives) et qui entraînent la recherche d’une compensation.
Comportements de l’adolescent.
Désir de faire partie d’un groupe et pour cela prêt à payer le prix initiatique. Il doit apprendre à éviter les pièges. Exemple éloquent du GHV ou drogue du violeur, entrainant une perte momentanée de la conscience et de la mémoire. Drogue incolore inodore qui peut être introduite dans une boisson, une cigarette, un bonbon, un gâteau et qui met la victime à la merci du prédateur violeur. Apprendre à n’accepter ce genre de proposition que de camarades en qui on a une totale confiance.
Règles de vie : accepter d’appeler les parents si nécessaire avant de prendre la route après une sortie malheureusement alcoolisé (donc créer un climat de dialogue et de confiance).
Pour les parents être attentif à tout changement chez l’ado: isolement, rebellion, chute des résultats scolaires, changement par rapport à la nourriture, aux fréquentations, aux intérêts.
Instaurer le dialogue, ne pas heurter , faire comprendre, aider à trouver en soi les forces nécessaires, mettre en avant les risques santé plus que les risques police et répression , ne pas condamner mais aider, rechercher les causes , faire appel à des personnes compétentes ou a des relais avec qui l’ado sera en confiance.
Parler très tôt des risques sanitaires et sociaux (du tabac, de l’alcool etc). Essayer d’avoir un comportement exemplaire en ce domaine. Agir, réagir, aider, être aidé. Sur toutes ces problématiques le débat a été très riche et ouvert.
Ensuite Mr Willaime a présenté un historique des drogues .Certaines étaient connues 7000 ans avant JC (cannabis) , , utilisées parfois à des fins thérapeutiques ou mystiques, ou culturelles (coca dans les Andes).
Il a ensuite présenté un panorama des trafics qui alimentent notre pays –et notre région qui est touchée autant que les autres régions de France !!). Des évènements festifs comme Skabazac mais aussi des fêtes locales banales sont révélatrices de l’impact de ce problème sur notre population jeune.
Pour le cannabis notre région est au dessus de la moyenne nationale. A noter que ce fléau , alcool, tabac, cannabis, etc, est en augmentation chez les filles. Le travail de la police s’appuie sur le hasard et le renseignement. Au passage, il précise que les chiens utilisés pour la recherche ne sont pas drogués mais entrainés , contrairement à une idée reçue.
Au cours de sa présentation, Mr Willaime a beaucoup insisté sur l’importance donnée au travail préventif plutot qu’à l’aspect répressif.
L’orientation de ce discours a été très apprécié par le public qui a profité largement de cette ouverture d’esprit pour s’informer, donner son avis, exprimer ses craintes, demander un conseil. Ainsi de nombreuses questions ont été abordées : peur du gendarme, garde à vue, dépénalisation, coffee-shops, centres de consommation, points sensibles du trafic, autres formes d’addiction, réponses de la loi face à la consommation, à la publicité ou la provocation (délits), au trafic ( trafic et blanchiments considérés comme actes criminels).
Le public très intéressé a chaleureusement remercié l’intervenant pour la qualité de son propos et l’esprit de compréhension et d’ouverture dont il a fait preuve, sans jamais oublier que par son statut il était d’abord un garant du respect de la loi au service de la sécurité de la population.
Cette soirée débat de Rencontres Citoyennes particulièrement efficace et réussie dans son objectif de réflexion civique et citoyenne.
JD