Dernière soirée débat 2010 organisée, mercredi 15 décembre, par notre association et animée de main de maître par Robert TAUSSAT, Professeur honoraire de la Société des Arts et des Lettres de l’Aveyron, qui a présenté, aux 50 participants présents, la vie du grand homme que fût Jean Moulin.
Robert TAUSSAT s’est attaché à retracer l’action et la vie de Jean Moulin dans sa personnalité d’avant guerre plutôt que son engagement de résistant lors de la Seconde Guerre mondiale.
" Né à Béziers en 1899 d’un père, homme de gauche, professeur d’histoire et de littérature, ami de Mistral et de Daudet, Jean MOULIN, enfant, se découvre une véritable passion pour le dessin mais accepte l’influence de son père pour son éducation.
Après l’obtention du baccalauréat, il respecte le souhait de son père de faire carrière dans l’administration puisqu’il s’inscrit en fac de droit à Montpellier en 1917.
Licencié en droit en 1921, Jean MOULIN devient attaché de préfecture dans l’Hérault. Parallèlement, il assouvit sa passion pour le dessin par la vente de ses œuvres aux journaux parisiens, sous la signature de Romanin.
Mobilisé en 1918 et démobilisé sans combattre en 1919, il devient Chef adjoint de Cabinet du Préfet de Savoie. Honoré par le prestige de la Préfectorale, Jean MOULIN est nommé S/Préfet d’Albertville en 1924, à 25 ans, le plus jeune S/Préfet de France.
Marié en 1927, divorcé en 1928, il consacre sa vie essentiellement à son engagement professionnel.
Avec ses discours de grande qualité, il s’attire la sympathie du Gouvernement de gauche et se lie d’une amitié sans faille lors des législatives de 1928 avec le député Pierre COT, collaborateur de POINCARE.
S/Préfet de Châteaulin en 1930, Jean MOULIN est un homme d’autorité sans être pour autant autoritaire. Grand patriote, il devient la cible des journaux de droite. En 1928, Pierre COT est nommé au Quai d’Orsay et Jean MOULIN devient son Directeur Adjoint, puis en 1933, il est Chef de cabinet au Ministère de l’Air dirigé par Pierre COT.
Secrétaire Général de la Préfecture de la Somme en 1934, il est souvent amené à suppléer le Préfet, tâche qu’il assume avec brio et capacités.
1936, naissance du Front Populaire, avec Albert LEBRUN à la Présidence de la République et Léon BLUM à la Présidence du Conseil, tandis qu’en juin éclate le guerre en Espagne. De vives critiques s’étalent à l’encontre du Ministre de l’Air, Pierre COT, pour la vente d’avions à l’Espagne.
En mars 1937, Jean MOULIN est nommé Préfet de l’Aveyron à Rodez et devient à 38 ans le plus jeune Préfet de France. Mais en avril 1937, Pierre COT le rappelle comme Chef de cabinet.
Jean MOULIN revient à la tête de la Préfecture de l’Aveyron en 1938, dans un Département conservateur de droite et clérical, jusque dans l’hémicycle du Conseil Général qui ne compte que deux élus de gauche, dont Paul RAMADIER.
Homme de conviction avec une large ouverture d’esprit, intelligent et respectueux, Jean MOULIN s’allie l’amitié du Président du Conseil Général, MARUEJOULS. Un grande complicité s’instaure entre les deux hommes, tandis que Jean Moulin reçoit la Légion d’honneur à Rodez et participe à l’inauguration de la Foire Exposition de Rodez, aux côtés du Cardinal VERDIE, archevêque de Paris et natif de l’Aveyron.
En 1939, tandis que pointe le bruit des bottes nazies, Jean Moulin est nommé Préfet à CHARTRES.
En juin 1940, Jean Moulin refuse de se plier aux exigences de l’Occupant ; il sera roué de coups et emprisonné, mais obstiné dans son opposition, il se tranchera la gorge dans sa cellule. Il devient alors la première victime de guerre. Conduit à l’hôpital et soigné, Jean Moulin est alors révoqué par le Gouvernement de Vichy.
Toujours attaché au dessin, il crée sa galerie d’art à Nice, la galerie Romanin, et expose ses œuvres à travers le territoire. Bénéficiant de l’appréciation de ses œuvres tant par les autorités nationales qu’ Allemandes, Jean Moulin peut alors se déplacer librement, au gré de ses expositions.
A partir de cet état de fait, il s’intégrera peu à peu au sein de la Résistance, avant de rencontrer le Général De Gaulle qui le charge de fonder le Centre National de la Résistance.
En 1943, trahi, il est arrêté à Caluire, près de Lyon, puis emprisonné et torturé par la Gestapo de Klaus Barbie. Sans jamais trahir, face à la douleur et la torture, Jean Moulin décèdera dans le train qui le conduisait vers les camps en Allemagne. "
Robert TAUSSAT a précisé que, sans la guerre, Jean Moulin serait devenu un grand homme soit dans l’Administration, soit dans la politique, tant ses qualités et ses convictions étaient reconnues.
A l’issue de ce brillant exposé et les vifs et sincères remerciements exprimés à Robert Taussat, des remerciements étaient également adressés à Mme la Directrice et au personnel du Lycée de Rignac pour l’excellent accueil réservé à notre association ainsi qu’aux participants.
C. V. 16/12/2010