Le 17 mai, Rencontres Citoyennes a reçu André Romiguière pour comprendre les origines et l'évolution du Bassin Houiller de Decazeville.
Cette longue histoire est attestée depuis le Moyen Age, mais cette activité existait, sans doute, dans des temps plus anciens Ce conteur passionné a expliqué le rôle fondamental de la rivière Lot, ou Olt, ou Olty dans ce développement avec le flottage du bois, puis la
navigation fluviale des gabarres, sapines et autres embarcations pour le transport du bois et du charbon jusqu'à Bordeaux.
Dans cette région le charbon affleure et les paysans l'exploitent pour eux ce sont les carbonnières et en font commerce. Ces exploitations sauvages au Moyen Age sont , dès François 1er, transformées en concessions gérées par de riches familles et donnent lieu à des redevances.
Avec de nombreux documents à l'appui, on peut suivre l'évolution de ces concessions, leur regroupement et leur organisation par des politiques et des financiers, qui voient dans cette exploitation un avenir industriel pour le Bassin. Au 19 eme siècle, le Duc Decazes, puis François Cabrol organisent l'industrialisation du Bassin.
Le Duc Decazes, politique, ministre de Louis XVIII, ambassadeur à Londres où il découvre les avancées technologiques industrielles. Il constitue une société financière de14 membres (sans Aveyronnais) et achète les concessions de Firmi, La Salle.. Il embauche François Cabrol polytechnicien, passionné de géologie .
Ils organisent l'exploitation de Firmi et créent 2 hauts fourneaux. Les premières coulées de fonte en sortiront en 1828. Decazes poursuit son implantation le long du Riou-Mort, unités de production et habitations se mélangent. L'existence de Decazeville est attestée en 1834 En 1915, on note la fabrication des obus qui occupe les premiers permissionnaires revenus du front. A cette époque plus de 20 nationalités se côtoient dans le bassin.
Cransac, ville thermale, ne voulait d'exploitation minière. Cependant Seraincourt continue les prospections et met les sources en danger : les mines reprennent dans Cransac.
Cabrol rachète les moulins sur le Lot, installe des laminoirs, Vieille Montagne produit les feuillards de zinc utilisés sur les toits de Paris.
Les transports sur le Lot sont concurrencés par le Chemin de Fer. Cabrol crée une ligne pour ramener le minerai de fer de Mondalazac. Seraincourt, ami du Duc de Morny, administrateur de la Compagnie des Chemins de Fer, crée la ligne Aubin-Viviez, puis Decazeville-Viviez.
A Penchot se développent les verreries, les laminoirs et les usines à tanin : cette industrialisation détourne les moulins de leur fonction meuniére.Après 1860, le fer arrive à Capdenac, et Cabrol crée un tunnel fluvial qui sera devancé par le tunnel ferroviaire fini 1 mois plus tôt !!!
La voie navigable Rio-Mort-Lot concurrencée par le train, entravée par de violentes crues sera abandonnée: en 1926, l'état ne veut plus s'investir dans la navigation fluviale.
Cette période industrielle de1828 à 1962 a été souvent marquée par des catastrophes meurtrières (Campagnac, Le Gua, Cransac, Le Banel ), des soulèvements et des conflits sociaux (à partir du droit de grève -1869).
De nombreuses interventions du public ont ensuite permis de mieux la complexité, mais aussi l'importance de cette riche période industrielle du Bassin de Decazeville.
La Secrétaire G.T.